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Un ponton salle de spectacle fabriqué par Manche Industrie marine à Dieppe

« C’est un événement pour la construction navale à Dieppe. Je suis fier de ce qui s’est passé. Une journée comme ça, c’est émouvant », témoigne, les yeux rougis par l’émotion, Richard Charles, dit Charlie-le-soudeur. Près du hangar du chantier Manche Industrie Marine (MIM) à Dieppe, jeudi dernier, on sent l’émotion des techniciens et ouvriers qui ont œuvré à la tâche. Ils sont présents et participent ou regardent la mise à l’eau de leur bébé : sur le quai, près de l’église Notre-Dame des Grèves, au Pollet, un ponton, appelé « Le Flow », de 40 m de long et de 14 m de large, sort du ventre du hangar MIM, spécialisé dans la construction et la réparation navale et la chaudronnerie industrielle. Une fois sur l’eau ce ponton est dirigé par deux remorqueurs (nécessaires pour la stabilité du convoi), un pilote et une vedette de lamanage (le lamanage correspond à des manœuvres accomplies pour attacher, détacher les amarres des navires à quai). Le ponton est peut-être « construit comme un navire », selon Philippe Bréchon, le directeur général de Fipam, mais n’en a pas forcément toutes les caractéristiques. Une fois arrivé dans l’avant-port, un seul remorqueur a mené le ponton en mer jusqu’à Rouen.

Cinquante personnes

Cet imposant ponton orange et noir a l’originale destination de devenir une salle de spectacle avec restaurant qui sera amarrée sur la Seine... à Paris, à côté du Pont Alexandre III. Il pourra accueillir jusqu’à neuf cents personnes. « La commande a été signée en janvier de cette année et on a attaqué en février. Trente-cinq soudeurs et chaudronniers ont travaillé sur ce projet, sur cinquante personnes au total, en comptant le bureau d’étude et ceux qui vont se charger de l’aménagement. Cela représente quinze mille heures de travail de chaudronnerie et de soudure et quarante mille heures, une fois le ponton finalisé », explique Antoine Lozier, directeur technique de MIM, l’un des quatre sites du groupe Fipam, spécialisé dans les secteurs des équipements et services maritimes et portuaires, basé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). « C’est la première fois que Paris accueille un ponton aussi large. La réglementation ministérielle était de 11 m maximum de large, Le Flow fait 14 m. Les chaudronniers et soudeurs qui y ont travaillé sont spécialisés dans la branche marine, il est de plus en plus rare d’en trouver d’aussi compétents, dans ce domaine pointu », insiste le directeur technique.

La structure est terminée mais l’aménagement doit être réalisé à Rouen, sur le site Arno-Normandie, pour être ensuite livré à Paris en février. « Le ponton fait 7 m de tirant d’air mais il va en faire 9 une fois sorti du site rouennais », poursuit Antoine Lozier. Les employés d’Arno-Normandie vont en effet rajouter un deuxième étage au ponton, étage qui sera amovible. « Pour passer sous les ponts parisiens, il faudra démonter cette partie qui sera ensuite remise. »

Le coût du projet fini : 5 M€. La commande provient de la société de production artistique parisienne, Auguri. Le premier spectacle est en principe prévu pour avril. « Début avril, le ponton doit être complètement prêt », informe Philippe Bréchon.

La construction de ce ponton est symbolique pour cette entreprise et le marché de la construction navale. « Finalement, elle reste classique, mais on renoue avec la construction navale ; en France ce genre de marché était perdu. On espère que ce ponton sera le premier d’une longue série », souhaite Antoine Lozier. « Maintenant on travaille aussi pour le show-biz », conclut Philippe
Bréchon...


Source : Paris-Normandie – 29/09/2014 – S. GA.